Imaginez-vous marchant dans une petite brume matinale. Le temps est doux, l’air mouillé picote vos joues.
Tout à coup, vos poils de jambes se hérissent : vous avez entendu un craquement. Vous vous retournez. Un cerf vous regarde de ses grands yeux de maman Bambi.
Musiciens, c’est à peu près ce que vous devriez ressentir dans la Berceuse & Finale de L’Oiseau de feu de Stravinski. Stéphane Forgues, directeur musical de la PJM, insiste : «Ce n’est pas un BANC de brume qu’on veut, c’est une petite brume du matin.» De fait, si le brouillard est trop épais, la mélodie jouée par le basson ne pourra transpercer la purée de poix.
Réputé pour ses analogies (parfois drôles, parfois mystérieuses), Stéphane Forgues a même confié le mardi 27 janvier 2015 que ses étudiants de l’école Joseph-François-Perrault lui attribuaient des néologismes. «Jouez musclé», «en HD 1080p», «enrobez tout ça de miel», «mettez-y des canines acérées», «soyez ratoureux»… Les «métaforgues» fusent et ne se ressemblent pas.
D’ailleurs, parlant de cerf, il a formellement interdit de «tuer le cerf» dans le Petit Adagio de l’Automne, des saisons de Glazounov. Avertissement intriguant s’il en est, il laisse tout de même supposer que les musiciens peuvent se montrer plutôt féroces de la babine ou de l’archet.